« Mauvais genre » de Chloé Cruchaudet, Editions Delcourt/ Mirages, 2011
BD inspirée de l’ouvrage « La garçonne et l’assassin » de Fabrice Virgili et Daniele Voldman
Comment répondre à 2 challenges à la fois! J’ai aussi sauvé son dimanche!!!!
C’est Stéphie, du blog Mille et une frasques, qui m’a donné envie de découvrir cette BD. C’était assez surprenant dans la mesure où je n’en lis que très très occasionnellement. Et je dois dire que je ne regrette pas : c’est un vrai coup de cœur !
Le début du récit coïncide avec l’ouverture d’un procès. Au cœur de cette affaire Louise Landy et Paul Grappe et une sombre affaire de moeurs. S’ensuit une longue analepse qui permet à Chloé Cruchaudet de nous transporter sur le front en 14 mais surtout dans le Paris de la clandestinité et des années folles.
Paul et Louise, c’est l’histoire d’un coup de foudre, d’un amour fort, d’un amour fou, auquel la déclaration de guerre en septembre 14 vient porter un coup. Avant sa mobilisation, Paul effectue bêtement, comme beaucoup, son service militaire. C’est le temps des classes et des formules des petits chefs. « Si un jour vous avez l’honneur d’aller sur un champ de bataille, il faut que l’ennemi soit impressionné par la propreté de vos bottes ».
Paul appréciera bien vite toute l’ironie du propos, les deux pieds dans la gadoue des tranchées et des trous d’obus. S’il ignore l’impression que ses godillots peuvent avoir sur l’ennemi, il connaît bien la peur. La peur rend fou…. Certains tentent une sortie désespérée à découvert sous les feux allemands, d’autres s’automutilent dans l’espoir d’échapper, au moins un temps, à l’enfer des combats. Parfois, au bout de la peur, la désertion semble l’ultime solution, dût-elle conduire à la mort sous les balles de son propre camp. Suivant un élan subit, un instinct de survie irrépressible, Paul déserte et rejoint Louise à Paris. Il s’agit de se cacher, pour éviter d’être passé par les armes. La guerre le hante et son désœuvrement lui pèse. Pendant qu’il se tient tapi dans une planque, le moral en berne, Louise gagne leur vie comme couturière et fait preuve d’une grande patience face à ses humeurs râleuses. L’enfermement les mine jusqu’à ce que Paul ait l’idée de se travestir. Mais l’habit ne suffit pas à faire le moine… Il faut passer par les phases manucure et épilation, observer les gestes féminins pour gagner en crédibilité. De Paul à Suzanne, c’est tout un processus, un travail d’acteur qui ne sera pas sans laisser de trace, surtout lorsqu’on tient le rôle plus de dix ans.
Comment Paul assumera-t-il cette dualité aussi longtemps ? Le couple parviendra-t-il à survivre à ce numéro de transformiste et à tout ce qu’il peut impliquer dans une société qui aspire à se libérer de ses traumatismes et à se débrider ?
Le scénario est brillant et captivant, les personnages envoutants. L’approche psychologique, fort bien menée, est superbement renchérie par un dessin de très belle facture. L’esthétisme de l’ensemble en fait un beau livre. Par ailleurs, Chloé Cruchaudet dépasse le cadre historique pour poser avec beaucoup d’intelligence des questions encore bien actuelles… au point que certains esprits bien pensants pourraient réclamer un autodafé.
Je ne l’ai pas lue dans sa totalité. Mais je l’ai bien feuilletée à la bibli. C’était très émouvant et torturé… du coup, je l’ai reposée… pas le moment.
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tu te régaleras sans doute le jour où tu seras prête! C’est véritablement une très belle BD!
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Il a l’air superbe, ce livre! J’ai hâte de le lire!
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