BD, Jeunesse

Une BD des îles, « Jaya, engagée indienne


« Jaya, engagée indienne », Editions Des Bulles dans l’océan, 2011
Scénario de Sabine Thirel, illustrations de Darshan Fernando et couleurs de de François-Marc Baillet
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Après l’abolition de l’esclavage en 1848, l’économie de plantation a eu recours à un nouveau type de main d’oeuvre bon marché, les engagés, venus le plus souvent d’Inde. On dénombre plus de 30000 migrants pour l’Ile de Bourbon (ancien nom de la Réunion).
C’est à cet épisode peu glorieux de l’histoire de l’humanité que s’intéresse Sabine Thirel, une réunionnaise férue d’histoire. C’est à travers les personnages d’Amma et de Jaya, deux jeunes femmes originaires de Karikal, et de Raj,un jeune charmeur, qu’elle retrace les conditions de vie difficiles de ces « coolies » tentés par l’aventure en terre étrangère où l’herbe était peut-être plus verte.
Les deux amies se sont embarquées sur la Créole en partance pour l’Ile de la Réunion. C’est par une nuit parfaitement noire que s’ouvre le récit de leurs aventures. Les passagers dorment entassés sur le pont. Certains meurent, d’autres optent pour le suicide et se jettent à la mer. Les survivants doivent aussi braver les vagues, les tempêtes, la maladie, sans parler des nombreuses corvées. Cela n’empêche pas Jal,un garçon des rues au passé un peu sulfureux, de conter fleurette…Le reste du temps, on prie Ganesh pour s’en sortir! Même le débarquement, sous escorte jusqu’au Lazaret de la Grande Chaloupe pour la quarantaine, est assez périlleux. « Engagées pour 5 ans, logées, nourries, payées », mais si peu, et souvent maltraitées, Amma et Jaya, la courageuse, vont-elles s’en sortir? Quel destin guette Raj? Le travail dans les champs de canne et la plantation leur offrira-t-il une existence plus facile? Voilà un bon bout de temps qu’Amma, la fragile, n’en est plus très convaincue…
Des analepses régulières renseignent le lecteur sur les motivations variées des jeunes gens à quitter leur terre natale. Le jeu des couleurs matérialise adroitement ces bouleversements chronologiques.
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Le passé est significativement associé à des ocres , des tons assez chaleureux et lumineux comme s’il s’agissait de souligner leurs regrets. La navigation est associée aux teintes sombres qui symbolisent cette difficile traversée du désert maritime. Les couleurs plus vives de la vie dans les champs de canne signifient à mon sens une certaine acidité de l’existence. J’ai apprécié cette BD malgré un scénario trop elliptique à mon goût. Il faut vraiment exploiter le dessin, très fin en l’occurrence, d’un oeil averti pour combler l’absence de mots.

3 réflexions au sujet de “Une BD des îles, « Jaya, engagée indienne”

  1. Elle est très belle.
    Perso j’ai beaucoup de mal avec les BD qui ont peu de texte, une déformation professionnelle peut-être 😉
    Bises.

    J’aime

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