J’entame cette nouvelle rubrique avec la lecture d’une adaptation de la nouvelle d’Edgar Allan Poe : »Le scarabée d’or ». Le scénario est signé de Roger Seiter, le dessin de Jean-louis Thouard.
Il s’agit du premier tome d’une série consacrée aux « Histoires extraordinaires » du célèbre novelliste américain, publiée chez Casterman. La nouvelle parut initialement dans le Dollar Newspaper de Philadelphie en juin 1843.
L’histoire se déroule en Caroline du Sud, entre Charleston et l’île de Sullivan sur laquelle William Legrand, notre héros, vit en ermite avec pour seule compagnie Jupiter, un esclave affranchi, et son chien. Si William occupe le devant de la nouvelle, la BD s’ouvre sur la pleine réussite de son ami Edgar au « Blue Peter », un tripot et un lupanar qui lui tient manifestement lieu de seconde maison.
Le dessin est d’emblée très séduisant. Il s’appuie sur une exploitation intéressante de l’échelle des plans et sur une grande précision. Jean-Louis Thouard a le sens du détail. J’ai également apprécié l’importance accordée aux traits du visage et aux expressions.
Mais revenons à nos deux compères… William est une sorte d’excentrique qui persiste à vouloir vivre sur cette île peu hospitalière, où les plages désertes le disputent aux épais taillis de myrte. Il collectionne les coléoptères et rêve de voyager sur un bateau comme Le Virginia, ancré dans le port de Charleston. Cela ne l’empêche pas de profiter des charmes de Kitty, lorsqu’il se rend en ville. Edgar partage ses rêves de navigation, tout comme il partage ses gains avec prodigalité. Il se montre en effet sensible aux revers de fortune que semble aussi collectionner William.
Mais au hasard d’une promenade par un temps de chien, William fait une double découverte: une épave et un animal exceptionnel, un scarabée « d’une brillante couleur d’or » avec « des taches d’un noir de jais »… Où ces découvertes vont-elles les mener? Quel mystère entoure cet étrange animal en or massif? William, quitte à passer pour un fou aux yeux d’Edgar, reste convaincu que cette trouvaille est un signe du destin…
Du point de vue du scénario, je me suis quelquefois laissé un peu déstabiliser par certaines ellipses, mais l’énigme reste rondement menée. Les dessins, proches de l’aquarelle, et les nombreux effets de clair-obscur, rendent bien l’atmosphère de la nouvelle….sa dimension fantastique. Il faut dire que bien des scènes se déroulent entre chien et loup!
Voilà qui devrait plaire à notre jeune public, non? Je note pour notre valise « fantastique ».
J’aimeJ’aime