« Pauline » de George Sand, paru en 2 volets dans la Revue des Deux mondes (décembre 1839 et janvier 1840)
Comme l’an dernier, j’ai décidé de relever le défi lancé par mon amie Stéphie du blog Mille et une frasques et de participer au challenge « Classiques ».
Pour cette première participation de l’année 2014, j’ai opté pour un roman de George Sand, « Pauline ». J’avais jusque là un apriori concernant cette auteur, apriori qu’a combattu un autre ami, Pierre Laforgue, spécialiste du XIX°.
Le récit s’ouvre sur une auberge de Saint-Front, « petite ville fort laide », où échoue Laurence suite à une erreur. Mais cette erreur est salutaire puisque Laurence reconnaît une inscription laissée de sa main quelques douze années auparavant sur la paroi d’une cheminée. Elle ne peut y voir qu’un coup du destin !
« J’ai fait un détour pour ne point passer par ici, et, parce que je me suis endormie deux heures, le hasard m’y conduit à mon insu. »
Laurence, né modestement à Paris, s’était en effet vu contrainte de vivre à Saint-Front pour échapper à la misère parisienne. Sous-maîtresse dans un pensionnat, elle y avait rencontré Pauline, âgée tout comme elle d’une quinzaine d’années. Elles avaient noué une amitié forte. Après avoir nourri les mêmes rêves et partagé les mêmes difficultés, leurs réalités les avaient éloignées. Laurence avait fait le choix amoral, à l’époque, de devenir comédienne tandis que Pauline avait renoncé à lui écrire.
Belle et intelligente, actrice adulée par son public, Laurence connaît donc le succès et jouit d’une position brillante lorsqu’elle retrouve Pauline et sa vieille mère devenue aveugle. Bien sûr la présence de « la belle actrice de la capitale » à Saint-Front ne passe pas inaperçue et suscite bien des curiosités.
« Laurence siégeait comme une reine affable qui sourit à son peuple et le tient à distance ».
Sand met ainsi en œuvre les préjugés qui entourent encore les comédiens, les hypocrisies et les mesquineries de province, les rivalités féminines…
Pauline de son côté, mène une vie de jeune recluse alors qu’elle aspire à vivre pleinement.
« La soif qu’elle éprouvait de vivre et de s’épanouir, comme une fleur longtemps privée d’air et de soleil, devenait de plus en plus ardente. »
Après une soirée mémorable, Laurence regagne Lyon où les planches l’attendent, puis Paris. Mais son passage laisse des traces à Saint-Front et bouleverse quelque peu les esprits et les habitudes. Pauline n’est pas en reste et voit croître le sentiment de son ennui. Elle éprouve « l’invincible besoin de secouer cette mort lente qui s’étendait sur elle. » et elle nourrit des rêves nouveaux.
Laurence le comprend et la ramène dans sa demeure parisienne à la mort de la mère aveugle. Elle l’installe aux côtés de sa propre mère et de ses deux jeunes sœurs. Pauline y rencontre Montgenays, un riche hériter infatué de lui-même dont les motivations ne sont pas toujours bienveillantes.
« Hélas ! on n’imagine pas quel prestige ces minuties de la vie élégante exercent sur l’imagination d’une jeune fille de province. »
Chacun fait alors un apprentissage plus ou moins approfondi de la comédie sociale et de la comédie amoureuse.
Laurence : « Puisqu’il veut engager avec moi une intrigue de théâtre si vulgaire et si connue, je le combattrai par les mêmes moyens, et nous verrons lequel de nous deux sait le mieux jouer la comédie. Je n’aurais jamais cru qu’il voulût se mettre en concurrence avec moi, lui dont ce n’est pas la profession. »
« Ah ! je ne savais pas que la comédie fût plus fatigante à jouer dans le monde que sur les planches. »
Ces thématiques ne sont certes pas nouvelles, mais Sand nous en propose un point de vue féminin intéressant. Le choix de personnages comédiens éclaire cette critique de la comédie sociale et donne toute son épaisseur à la peinture de l’esprit provincial. Je suis contente de m’être « réconciliée » avec Sand dont j’ai apprécié l’écriture précise et dynamique.
Voilà un moment que je l’ai acheté, il faudrait que je me décide à le lire !
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J’ai souvent croisé le livre, mais jamais lu…
De G. Sand, je ne connais pas grand chose, à part la correspondance… Et La petite Fadette, lecture faite alors que j’étais toute jeune et dont je garde un souvenir ému!
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Ben voilà, la petite fadette m’avait dégoutée…. sans doute une question d’âge parce que j’ai beaucoup aimé l’adaptation cinématographique avec Boeringher
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Il existe deux autres romans sur les comédiens si le sujet t’intéresse : Pierre qui roule, suivi du Beau Laurence. Ils racontent la vie d’une troupe de théâtre itinérante, par contre ils ne sont pas faciles à trouver.
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Merci pour cette information !!! Et bienvenue ici!
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Merci ! je suis arrivée chez toi par le biais du challenge Classique de Stephie 😉 !
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