« Le premier amour » de Véronique Olmi, Grasset 2009
Emilie s’affaire, gesticule…tout doit être parfait, depuis le choix du vin jusqu’à la douceur des draps et la couleur de ses sous-vêtements. Aujourd’hui elle fête ses 25 ans de mariage avec Marc, chauffeur de taxi atypique. Un dîner aux chandelles lui a semblé la meilleure option.
Emilie se pense heureuse…Pourtant la découverte hasardeuse d’une petite annonce sur la feuille de journal qui entoure la bouteille de pommard, « Emilie, Aix 1976, Rejoins moi au plus vite à Gênes. Dario », occasionne son départ précipité et sa plongée au cœur de ses souvenirs.
Cette institutrice, mère de 3 enfants, saute dans sa voiture direction l’Italie histoire de retrouver celui qu’elle a rencontré l’année de ses 16 ans. S’ensuit une road story mêlant souvenirs, réflexions sur son existence et rencontres fortuites. Elle aurait pu prendre un avion, un train, se dépêcher d’aller tout droit. Il n’en est rien, elle fait des haltes dans des restauroutes, des hôtels, elle observe le monde qui l’entoure, comme si elle le redécouvrait soudain. Elle songe à Christine, sa sœur aînée, « cette grande sœur qui avait quelque chose de plus » qu’elle, « un chromosome pas très sympathique, le 21. » Elle se remémore leurs jeux, leur enfance au sein d’une famille catholique relativement austère. Elle se souvient de leur mère qui faisait le catéchisme aux jeannettes le mercredi après midi, tout en assimilant sa vie de mère à un calvaire.
Elle pense à Dario Contadino, son amour de jeunesse, le bourreau des cœurs du lycée rencontré dans une boum :
« Dario n’était pas avare, et la moitié du lycée savait à quoi s’en tenir : il était beau, doué et infidèle. Pas une des filles, jamais, n’aurait osé lui demander de prêter serment, encore moins de s’y tenir. Elles roulaient la langue dans le bon sens en remerciant le ciel et la frontière italienne si proche, qui permettait cette émigration bénie. »
Au lycée, les tables et les murs étaient parsemés de son nom et d’appels à l’amour avec Dario :
« Oh Sainte Vierge ! toi qui as fait l’enfant sans faire l’amour, fais que je fasse l’amour AVEC DARIO !!!!! sans faire d’enfant. »
Au départ, Emilie était restée de marbre, l’amour ne l’intéressait pas :
« La première fois que j’avais vu un teckel s’acharner des heures durant sur une bâtarde un peu trop haute pour lui, j’avais décidé sans remords que l’amour n’était pas pour moi. »
Mais les certitudes sont faites pour être ébranlées, surtout lorsque Dario danse un slow sur « Angie » des Rolling Stone !
Dario « C’était un prince que l’on prenait pour un bon coup… »
Dario modifia forcément le cours de sa vie. S’évanouir au moment du premier baiser est un signe évident ! Elle comprit qu’on a le choix et qu’on n’est pas « obligé d’être triste et chrétien tout le temps. »
En chemin, elle pense aux siens sans ambages et sans concession. J’aime beaucoup la façon dont le personnage appréhende les autres de son regard incisif, notamment sa fille aînée, Zoé, « un trésor enfermé », « une bruyante qui se tait » et qui vit avec un homme « encombré de lui-même ».
Si Emilie ne se hâte pas c’est sans doute parce qu’elle pressent combien ce voyage est « égoïste et essentiel ». Mais c’est peut-être aussi parce qu’elle redoute ce qui l’attend. Qui a rédigé cette annonce ? Pourquoi ? Que peut attendre d’elle Dario, trente ans après ? A quoi ces retrouvailles pourront-elles ressembler ? Quels souvenirs Dario a-t-il conservés ?
J’ai beaucoup aimé ce roman. Le style de Véronique Olmi me séduit. J’apprécie son sens du détail et sa façon de nous les conter. Le récit est empreint d’une grande sensibilité et le thème, évidemment me diront certaines, ne pouvait que m’attirer.
Jamais lu cette auteure, tu m’en donnes l’envie!
Bisous!
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Je la découvre et j’aime beaucoup son écriture. Je pense que tu apprécierais!
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toujours pas découvert l’auteure, allez pour 2014 !
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