Les classiques, Littérature étrangère

« Lady Susan » de Jane Austen


ladySusan« Lady Susan » de Jane Austen, écrit entre 1793 et 1794

Et voici ma lecture « classique » du mois, une œuvre de jeunesse signée Jane Austen qui se présente sous la forme d’un récit épistolaire ayant pour cadre l’Angleterre à l’aube du XIX°.
Lady Susan, nouvellement veuve et mère de Frédérica, possède encore suffisamment de beauté pour faire tourner bien des têtes. Elle fait aussi couler beaucoup d’encre tant sa moralité est discutable. A l’entame du roman, elle s’invite chez les Vernon, Charles et Catherine, son beau-frère et sa belle-sœur. Alors qu’elle a envoyé sa fille en pension à Londres, elle aspire, prétend-elle, à une « charmante retraite » à Churchill, après un séjour compliqué chez les Manwaring à Langford. Mais la villégiature de cette veuve indigne et relativement machiavélique constitue « son dernier recours » pour refaire sa situation et sa réputation. Il lui était difficile de séjourner davantage à Langford où elle était devenue indésirable après avoir détourné Sir James, le fiancé de la jeune Manwaring au profit de sa fille et séduit le maître des lieux aux dépens de son épouse. Ses relations avec sa fille ne sont pas au beau fixe non plus puisque Frédérica refuse catégoriquement d’épouser Sir James pour plaire à sa mère et que cette dernière n’est pas étouffée par son instinct maternel. Elle peut même faire preuve d’une certaine cruauté :
« Je me propose seulement de l’incliner à ce choix en rendant sa vie parfaitement impossible aussi longtemps qu’elle n’aura pas accepté ce parti. »
Sûre d’elle, de son pouvoir de séduction et de persuasion, Lady Susan cherche à régenter tout son monde et à régner dans les cœurs. C’est une manipulatrice née que Catherine Vernon est longtemps la seule à démasquer. Parfaitement lucide, elle considère Susan comme « la coquette la plus acharnée d’Angleterre », un bourreau des cœurs et une briseuse de ménage. Elle perçoit bien ses manigances, notamment une fois que son frère Réginald débarque à Churchill à son tour et devient la cible de Susan.
« elle possède une séduisante fourberie, en quantité non négligeable »
Catherine ne peut cependant pas s’empêcher d’éprouver une certaine admiration pour celle qui a tenté de faire échouer son mariage avec Charles. Elle lui reconnaît une grande beauté mais aussi un art du langage hors pair.
« Elle s’exprime à merveille, jouant avec bonheur des mots pour un usage qui trop souvent, je crois, consiste à faire paraître blanc ce qui est noir. »
Les lettres de croisent à l’instar des individus entre Londres, Churchill et Parklands, les destins se nouent et se dénouent dans ce qui relève d’un huis clos parfois étouffant.
Dans ce court récit Jane Austen aborde les thématiques qu’elle développera avec ampleur et brio dans ses grands romans : l’amour, l’argent, les complots domestiques et l’art de la manipulation, le mariage des filles. Son héroïne a un faux air de la Marquise de Merteuil, on la hait autant qu’elle nous fascine. Le rythme est alerte, l’intrigue intéressante. Le style si caractéristique de Jane Austen est déjà en place, et promet une lecture plaisante.

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