« Le chemin des poussières » d’Alain Gordon-Gentil, Editions Pamplemousses, 2012
Grégory, journaliste à Montpellier, a décidé de mettre ses pas dans ceux de Gandhi et de vivre à sa manière la Marche du Sel. Il s’agit pour lui de mieux comprendre la démarche qui fut celle de Bapu jadis, et de parvenir à conjuguer avec le séisme qui vient de bouleverser sa vie, la mort atroce de Lise.
« Grégory suit les traces du Mahatma, il refait la Marche du sel de l’ashram de Sabarmati jusqu’à Dandi. »
La narration alterne entre son cheminement en terre indienne, les rencontres qui parsèment son périple, et les nombreuses analepses, généralement liées à celle qui fut son grand amour. Il est en quête d’une quiétude renouvelée.
« Ici rien ne fait peur.
Ni la misère, ni la souffrance, ni la mort.
La terre indienne est dangereuse.
Elle vampirise l’indignation ».
« Vous êtes comme ces Européens qui viennent chercher dans notre misère ce que vous ne trouvez pas dans vos pays riches. »
Il s’interroge sur Gandhi, « se demande si c’était un homme devenu âme, ou une âme devenue homme ». Il cherche à comprendre l’Ahimsa, le plus haut des devoirs humains selon le Mahatma, l’éradication du désir de blesser ou de tuer. Auparavant, Gandhi représentait pour lui « l’idéologie exotique d’un fakir à demi-nu, mort depuis longtemps, déroutant de naïveté, le tout rajouté à un désir de dénuement tournant à l’obsession ». Il confronte ses idées préconçues à la réalité indienne et à ses interlocuteurs aux avis divergents. « Les rencontres sans importance deviennent de longs échanges, de longues respirations qui rythment les journées ».
La question de l’ascèse, plus exactement du refus de la chair lui pose problème, surtout lorsque la vue de somptueuses indiennes réveille ses sens morts depuis la disparition de Lise.
« Il faut pouvoir se laisser tenter par la beauté et toujours essayer de ne jamais y succomber. Toute notre force est là. Se détacher de la chair ce n’est pas faire comme si elle n’existait pas. C’est reconnaître se force, lui résister, la célébrer même quelquefois, mais sans cesse la dominer. »
Alain Gordon-Gentil nous offre ainsi un récit qui tient du roman d’apprentissage, encore qu’il s’agisse plutôt ici d’un réapprentissage. Le propos se veut également philosophique, sans éviter toujours la facilité.
Grégory retrouve en effet goût à la vie, apprend à conjuguer avec ses tragédies, mais pour combien de temps ????
Le roman est intéressant de ce point de vue. Les visions contrastées de l’Inde sont intéressantes. J’ai beaucoup moins accroché avec la construction de la narration. Il manque une certaine fluidité dans les va et vient entre le présent et le passé.