« Vivement Dimanche » de Truffaut
Non je ne vais pas me livrer à un panégyrique de Michel Drucker!!!!! Je poursuis juste mon cycle Truffaut…
Réalisé en 1983, « Vivement Dimanche » est le dernier long métrage signé de François Truffaut. Adapté du roman de Charles Williams, « The long saturday night », publié en France aux Editions Gallimard, ce film entièrement tourné en noir et blanc s’inscrit dans la tradition du cinéma policier et se présente un hommage aux films noirs américains.
L’intrigue:
Barbara, incarnée par une magnifique Fanny Ardant, ex-femme de Bertrand journaliste au Provençal, partage son temps entre son emploi de secrétaire dans une agence immobilière et une troupe de comédiens amateurs qui monte « Le Roi s’amuse » de Victor Hugo. Faut-il y voir une mise en abyme relativement métaphorique du jeu policier auquel elle se livre aux côtés de son patron Julien Vercel???
Ce dernier, amateur de chasse, se trouve en effet malencontreusement présent sur une scène de crime, une sombre histoire de chasseur chassé. Il se voit ainsi rapidement accusé de plusieurs meurtres manifestement liés entre eux. Persuadée de son innocence, Barbara, qui ne fait aucune confiance à Maître Clément, l’avocat de Vercel, s’improvise enquêtrice. Et le moins que l’on puisse c’est qu’elle n’a pas froid aux yeux et que ses talents de comédienne se révèlent utiles. Avec Barbara, la vie semble presque une comédie!!!
Mon avis:
Comme vous pouvez le supposer, Truffaut mélange donc un peu les genres, d’où peut-être le clin d’oeil à Hugo…
Il faut souligner la qualité de la photographie, volontairement vieillie pour rappeler les films des années 50. Quoique souvent sombre, elle joue avec brio du clair-obscur et sublime une Fanny Ardant assez bluffante. La musique, assez désuète, presque surannée, opère comme un écho constant aux poncifs du film noir. Il y a comme du Hitchcock dans l’air!!!! Le scénario, sans être forcément très original, tient la route sans doute parce qu’il est soutenu par un casting intelligent. Jean-Louis Trintignant , alias Julien Vercel, remplit son rôle, Fanny Ardant occupe l’espace avec maestria, et je salue la prestation de Jean-Pierre Kalfon, qui revêt ici les attributs d’un prêtre.
Le rythme est soutenu, presque trop. Truffaut abuse un peu du fondu au noir et multiplie à outrance les plans. Le film qui se veut un hommage au cinéma américain ne manie pas toujours les clichés, les citations et les échos avec légèreté, mais les traits d’humour récurrents qui émaillent la narration constituent un contrepoint efficace. A titre d’exemple j’ai adoré la scène dans laquelle Barbara assomme le prêtre avec une Tour Eiffel miniature. Les dialogues présentent également quelques répliques désopilantes.
« Vivement Dimanche » constitue aussi à mon sens un hommage aux femmes et tout particulièrement à leurs jambes. Le cinéaste multiplie en effet les déplacements et les plans rapprochés sur les « gambettes » des différentes actrices… un leitmotiv dans sa cinématographie, une signature même. Il suffit de se souvenir du long plan séquence sur les jambes de Christine dans « Domicile Conjugual »! Le film s’achève d’ailleurs quasiment sur cet éloge féminin puisque Maître Clément affirme que les femmes sont magiques et qu’il s’est donc voulu magicien.
Bref, un film que je suis heureuse d’avoir revu.